vision dite "tunnel"...
Les conséquences physiologiques et psychologiques d'une soudaine confrontation avec l'imprévu et l'inconnu favorisent la survenue, de ce que l'on appelle communément l'effet tunnel.
Le champ de vision se rétrécit inconsciemment, le sujet se focalise sur l'origine et la peur du danger (humain ou situationnel), et fait abstraction de son environnement immédiat, s'exposant ainsi à d'autres risques potentiels (pluralité d'agresseurs, catastrophes en chaîne,etc...) Cette réaction au stress agit dès lors directement sur les performances de l'individu.
Ces symptômes variés et désagréables sont d'autant plus difficiles à gérer qu'ils nécessitent un réel travail sur soi-même pour être appréhendés, limités et endigués. Ainsi les sensations psychologiques peuvent consister en un état de "flottement" ou de "vertiges", une impossibilité de raisonner de façon cohérente, comme si l'inconscient devait rester figé sur le danger. Les réactions physiologiques immédiates s'apparentent à un état de stupeur intense, les pupilles se dilattent, les oreilles bourdonnent, les membres deviennent lourds, comme paralysés, des tremblements peuvent apparaître, la circulation sanguine se centralise sur les organes moteurs. Dans les cas sévères et incontrôlés, il n'est pas exceptionnel de constater des "fuites" organiques...
Les professionnels de l'intervention sont familiarisés au danger, le côtoient au quotidien, en ressentent les symptômes et apprennent à composer en limitant ses effets. Et l'action dictée par l'urgence ne peut souffrir de phénomènes limitatifs inattendus. Il convient donc de favoriser les conditions nécessaires à une perception et à une vision périphérique. La qualité de l''intervention, aussi critique qu'elle soit, en dépend, au même titre que de la justesse de l'action et du discernement qui s'imposent en pareilles conditions.
Pour limiter la surexposition à un danger et pallier aux effets potentiels de la vision tunnel , quelques solutions se déclinent :
- S'efforcer de prendre conscience de son environnement en observant furtivement les alentours. (le fameux "check" à 360°).
- Respirer profondément, ou tout du moins s'efforcer de ne pas rester en "apnée".
- Bouger, même imperceptiblement pour garder le contact avec le sol, et occuper l'espace (gestes et paroles, communication verbale et non verbale).
- Agir en prenant une décision (dictée ou non par la situation : fuite ou combat), et s'y tenir.
- Analyser après chaque exposition (pour les pros) comment améliorer vos propres réactions (debriefing), et s'exercer...
- Éviter de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment pour ceux qui ont le choix !