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mardi 28 avril 2015

Strong First : le kettlebell à l'état pur...






Devant l'impérieuse nécessité de trouver une méthode d'entretien physique pragmatique, j'orientais il y a plusieurs années mes recherches, vers ce que l'on appelle communément  le kettlebell, soit une boule de fonte munie d'une anse de portage. 

Cet objet rustique qui semble provenir du fond des âges, si prisé de nos jours dans le milieu de la préparation physique, des arts martiaux-MMA, est un réel outil de développement, de puissance et de résistance, tant mental que physique, à condition cependant d'en appréhender correctement les rouages et d'en extirper l'usage sain & efficace qui s'impose.

Avant toute chose, il faut bien comprendre que le kettle n'est pas un simple sport, un jeu, mais bel et bien une arme de forge à la fiabilité indéfectible, qui vous mettra face à vos contradictions et qui vous fera progresser avec certitude dans votre quête de force et d'endurance...


Alexey est le représentant de Pavel Tsatsouline en France, et l'un des dix SFG Team Leaders en Europe. Il propose des stages de formation durant lesquels il distille ses connaissances, tout en décortiquant méthodiquement les clefs de réussite et de progression propres au bon usage du kettlebell.

Loin des médias, loin du sensationnalisme, dans une démarche passionnée, pure & authentique, il nous présente ici, le fruit de ses réflexions autour de cet objet de culte qu'est le kettlebell !

                                                                                        
1) Alexey, ça fait bientôt cinq ans que tu développes le système StrongFirst en France. Pourrais-tu nous exposer les attraits particuliers que présente cette méthode par rapport à d'autres disciplines qui existent aujourd'hui?
Avec plaisir. StrongFirst est un système de préparation physique connu comme « École de Force de Pavel Tsatsouline ». Pavel est un coach sportif de haut niveau d'origine russe. Il vit et travaille aux États-Unis depuis une vingtaine d'années. La spécificité de notre école réside avant tout dans les concepts qu'on retrouve dans nos exercices et nos méthodes. Certains de ces concepts sont assez techniques et d'autres, plus généraux. 
Par exemple, nous voyons le corps humain comme un tout plutôt qu'un catalogue de « pièces détachées ». Du coup, au lieu d'isoler les parties du corps ou les groupes musculaires nous cherchons, au contraire, à solliciter le corps tout entier dans chacun de nos exercices. Plus concrètement, nous « travaillons » les mouvements du corps et en particulier, les mouvements les plus fondamentaux. Les exercices d'isolation du bodybuilding n'ont pas leur place dans notre système.
Un autre concept, celui qu'on retrouve dans notre nom (StrongFirst, « Fort en premier » ou « Fort d'abord ») consiste à considérer la force (et toutes ses « déclinaisons ») comme la qualité athlétique « mère », celle qui donne leur sens à toutes les autres. Réfléchissons une seconde: la grande majorité des situations où on se retrouve dans la vie et où on doit agir physiquement nous demande de faire un effort. Toute chose égale par ailleurs, il est évident que plus on est fort, moins on puise dans les ressources de l'organisme pour un effort donné. Ce qui nous permet d'être non seulement plus efficace et performant mais aussi plus résistant face à la fatigue et aux blessures.
Il faut bien comprendre qu’on ne dénigre pas du tout les autres qualités athlétiques. Mais, à la différence de la force, la plupart d’elles peuvent être poussées assez loin de manière « isolée ». Par exemple, on peut devenir extrêmement souple sans être plus fort ou plus endurant… Or, il est impossible de réaliser son vrai potentiel de force sans optimiser sa mobilité (on préfère ce terme à la « souplesse »), son endurance, sa dextérité...  Donc, en ciblant la force on n’a pas d’autre choix que développer harmonieusement toutes nos qualités athlétiques. C’est pour cette raison que pour nous, le développement de la force devrait être la priorité de la préparation physique.
Encore un autre concept, celui de « la qualité avant la quantité », a à voir avec les spécificités du cerveau humain. La force est une qualité athlétique complexe qui dépend d'une foule de facteurs. La taille des muscles, la densité et la qualité du tissu musculaire, le taux de recrutement des fibres, l'intensité de l'influx nerveux... En grande partie, elle dépend aussi de la coordination de différents groupes musculaires qui participent directement ou indirectement au mouvement. Pour ne pas laisser l'effort développé se dissiper, tous ces muscles doivent être activés au bon moment, au niveau optimal, sans empêcher ni corrompre le mouvement principal... 
Bref, la technique et donc, son apprentissage sont primordiaux. Or, on n'apprend que par répétition. Logiquement, il ne sert à rien de répéter un mouvement s’il n’est pas correct. Ce qui arrive inévitablement quand on s'attache à soulever un poids « coûte que coûte ». Donc, pour nous la « qualité » (la technique correcte) passe avant la « quantité » (le poids, le nombre prédéfini de répétitions, le chrono etc.) C'est quelque chose qui peut être difficile à accepter, un coup dur pour l'amour propre, mais c'est capital pour avoir des acquis solides qui seront toujours là, à votre service aux moments les plus difficiles et qui ne vous trahiront jamais.
Enfin, le dernier concept dont j'aimerais parler est la simplicité. Comme je l’ai dit, on travaille les mouvements du corps. Mais le corps humain est capable d'une multitude de mouvements dans tous les plans et toutes les directions. Pour les travailler tous une vie entière ne suffirait pas. Ce n'est pas bien grave parce qu'ici comme ailleurs s'applique la loi de Pareto qui veut que sur toute la palette d’options possibles un petit nombre seulement va nous donner le plus gros du résultat qu’on recherche.
On va donc consacrer notre temps et nos efforts aux exercices qui ont le meilleur « rendement » ou le « taux de transfert » (dont les effets se ressentent le plus possible dans d'autres mouvements et exercices). Ce n’est pas une coïncidence que notre choix se porte surtout sur des classiques éprouvés par des centaines, voire des milliers d'années de pratique: les Soulevés de terre, les Squats, les Développés etc. Notre travail consiste à peaufiner leur technique pour augmenter leur effet sur les mouvements sous-jacents de notre corps.
Une autre manière de voir cet aspect de notre travail est de prendre conscience qu’en état de stress (par exemple, quand le corps est subitement sollicité par une importante force externe ou encore, en cas de grande fatigue, physique ou mentale) le cerveau fait appel aux schémas moteur (formes de mouvement) auxquels il est le plus habitué. On a donc tout intérêt à renforcer les mouvements les plus basiques, ceux où notre corps est structurellement le plus fort (ce devrait être le plus gros de notre travail de préparation physique) et en parallèle, apprendre à « retrouver » ces formes de mouvement dans nos différentes activités physiques.

2) Nous te connaissons avant tout en tant qu'instructeur de préparation physique avec Kettlebells. Apparemment, c'est l'outil de prédilection du système StrongFirst. Pourquoi?
Comme je l'ai dit, nous travaillons les mouvements du corps. L'idée pour chaque exercice est de bien apprendre la technique (et donc, le mouvement) et ensuite, la « mettre à l’épreuve » avec une charge. L'objectif est de maintenir le positionnement du corps, la posture et les trajectoires des membres tels qu'ils sont censés être malgré l'inertie de la charge qui essaie de les « corrompre ». En travaillant ainsi, on « renforce » le mouvement. 
Il se trouve que grâce à sa forme compacte et arrondie le Kettlebell est l'outil qui « colle » le mieux aux mouvements du corps humain. C'est d'ailleurs pour cette raison que depuis sa « réapparition » aux États-Unis il y a une quinzaine d'années, le Kettlebell s'est révélé être un outil extrêmement précieux dans le cadre de réathlétisation, voire de rééducation, en particulier pour les blessures de l'épaule et du dos. Bien entendu, la technique a un rôle décisif. En plus de ça, la compacité du Kettlebell le rend très pratique. Aux USA on l'appelle « hand-held gym », une salle de sport qu'on peut tenir dans une main.





3) Il n'y a pas que le Kettlebell...
Non, bien sûr. Le Kettlebell a de gros avantages mais il y a des outils qui permettent de développer encore mieux certaines qualités qu'on recherche. Par exemple, la barre olympique vous permettra de manipuler des charges à deux, voire trois ou quatre fois votre poids du corps. Porter une charge aussi lourde a un effet très particulier sur l'organisme. Ça mobilise le corps non seulement du point de vue biomécanique (notamment, pour stabiliser les différentes articulations) mais également neurologique : le système nerveux central doit être « présent » pour contrôler l'ensemble et déployer l'effort nécessaire. En plus de ça, la barre olympique permet d'ajuster les charges avec une grande précision. Ca donne la possibilité de mieux adapter le programme d'entraînement aux capacités de chaque pratiquant. De ce point de vue, la barre olympique est un outil incontournable pour développer la force et a toute sa place dans le système StrongFirst.
A l'autre bout du spectre on trouve les exercices avec le poids du corps. A la différence de la barre olympique, la charge est difficilement « ajustable » : le poids du corps est toujours le même (en tout cas, à court terme). En revanche, on peut varier les leviers et les appuis pour rendre un exercice plus ou moins difficile. Il n'y a pas de charge externe à manipuler: ce qu'on recherche, c'est la maîtrise de notre propre corps.




4) L'effet "mode" du fitness et du Crossfit étant en plein expansion, tu n'as pas mentionné d'autres outils populaires tels que le TRX, les balles et les sacs lestés, le "Viper", etc...
Nous n’avons rien contre ces outils-là. Mais encore une fois, nous sommes les adeptes de la simplicité. L’expérience prouve que pour développer la force dans les mouvements de base la barre olympique, les Kettlebells et le poids du corps sont d’un côté, incontournables et de l’autre, suffisants. Les autres outils permettent de modifier certains paramètres (la prise, la position du centre de gravité, la distribution du poids…) et compliquer l’exécution de tel ou tel exercice. Mais pour que l’effet en soit bénéfique il faut déjà avoir un certain niveau.

5) A qui s'adresse le système StrongFirst? Faut il initialement posséder certaines  qualités pour en apprécier les bénéfices ?
Pratiquer notre système consiste tout simplement à comprendre nos concepts et à les appliquer à ses entraînements. De ce point de vue StrongFirst n’a rien d’élitiste. Après, la sélection se fait sur la motivation et le sérieux de chacun. C’est sûr que les gens pour qui l’entraînement n’est que l’occasion de « se défoncer » ou de « se vider la tête » seront déçus. Mais celles et ceux qui ont des objectifs à long terme, qui veulent construire leur force et leur santé et les maintenir tout au long de leur vie trouveront dans StrongFirst la réponse à leurs attentes.
Et ça ne dépend pas du contexte. Nos instructeurs travaillent aussi bien avec des civils de tout âge qu’avec des militaires d’élite ou des athlètes professionnels. En l’occurrence, depuis plus de dix ans Pavel travaille avec les Navy SEALs (c’est là, d’ailleurs, qu’il a rencontré Eric Frohardt, notre PDG actuel), tandis qu’un de mes amis instructeurs, à San Diego, a la majorité de sa clientèle constituée de retraités de plus de 60 ans. Encore un autre de nos instructeurs vient d’être embauché en tant que préparateur physique dans l’équipe de football américain de l’Université de Colorado (il faut savoir qu’aux Etats-Unis les équipes universitaires sont quasi professionnelles, ont leur propre championnat et servent de porte d’entrée à la NFL, la Ligue professionnelle et ses contrats mirobolants). 

6) Qu’en est-il de la gente féminine ? A priori, une boule de fonte n’est pas ce qu’il y a de plus sexy pour une femme…
L’aspect « séduction » joue sans aucun doute. Et plus encore, les vieux mythes et préjugés qui veulent qu’à la différence des hommes les femmes ne devraient pas manipuler de poids. Soi-disant, elles bénéficieraient plus du travail « cardio » et des étirements. Rien de plus faux ! Malgré les différences indiscutables au niveau anatomique ou physiologique, le corps féminin réagit au renforcement, et plus particulièrement, aux exercices avec des poids (barres ou Kettlebells) aussi bien que le corps masculin.
Et il ne s’adapte pas seulement à ces exercices en raffermissant les muscles et en renforçant les os et les tendons, devenant ainsi plus résistants aux blessures. Les exercices de force sont également plus efficaces que le cardio pour se débarrasser des kilos superflus, puisqu’ils accélèrent le métabolisme non seulement pendant l’activité mais aussi durant les 48 heures qui suivent.
Encore plus important, l’effet psychologique du renforcement. Quand une femme commence à ressentir sa force physique, ce sentiment peut changer sa vie. Je n’exagère pas ! Quelles que soient les avancées de notre civilisation, une femme « moyenne » est toujours physiquement moins forte qu’un homme « moyen ». Elle est en quelque sorte dépendante de sa « galanterie ». Pouvoir accomplir soi-même des tâches physiques ou assurer sa propre sécurité donne à une femme une confiance en soi solide et en même temps humble et lucide. Or, tout le monde sait que le manque de confiance en soi est la source de nombreux problèmes psychologiques…
Bref, les femmes, en tout cas, aux Etats-Unis, l’ont bien compris et n’hésitent plus à pratiquer les exercices avec des « vrais » Kettlebells (par opposition aux Kettlebells « de Barbie » recouverts de vinyle fluo) et les vrais barres olympiques. Et elles s’en sortent très bien ! Pour preuve, lors de la nouvelle édition du « Tactical Strength Challenge », une compétition internationale de force parrainée par StrongFirst, qui a eu lieu le 11 Avril dernier, plus de 200 femmes se sont inscrites dans la catégorie « novices ». Et elles n’ont pas démérité. Les résultats sont toujours en train de parvenir au moment où j’écris ces lignes mais celle qui occupe, en tout cas, temporairement, la première place, affiche 125kg en Soulevé de terre, presque deux minutes en suspension bras fléchis sur la barre fixe et 145 arrachés en 5 minutes avec un KB de 12kg…



7) Avec des pratiquants émergeant de tous horizons, comment harmoniser les méthodes et uniformiser le discours ?
Il faut d’abord se mettre bien d’accord sur ce qu’on entend par « méthodes ». Pour faire simple, les méthodes de préparation vont concerner avant tout le volume de travail, l’intensité et la fréquence de sessions, ainsi que les qualités physiques ciblées lors des différents cycles. L’aspect capital de toute méthode d’entraînement est la distribution de tous ces paramètres sur une période de temps donnée, déterminée par l’objectif final.
Logiquement, les méthodes varient en fonction du contexte. Par exemple, c’est encore Pline L’Ancien, auteur romain du 1er siècle (devenu philosophe après avoir commandé des troupes face aux tribus germaniques) qui disait qu’on ne peut pas préparer physiquement un légionnaire comme on prépare un athlète ou un gladiateur. Ils n’ont ni la même vie, ni les mêmes objectifs. 
Là où chaque sportif sérieux (même amateur) a un calendrier rythmé par des compétitions plus ou moins importantes, là où les « gladiateurs des temps modernes », les combattants professionnels en MMA n’ont que deux-trois combats par an négociés des mois a l’avance, un « légionnaire » (utilisons ce mot pour désigner tout homme ou femme d’action qu’il ou elle fasse partie des forces armées, des forces de l’ordre ou du corps des pompiers) doit être « au taquet » en permanence.

8) Donc, à ton avis, aujourd'hui la préparation physique dans les forces armées, les forces de l'ordre, chez les pompiers ne serait pas des mieux adaptée? Quelles seraient les solutions efficientes selon toi ? 
Il y a quelques mois j’ai eu cette conversation avec un de mes plus fidèles stagiaires, un jeune homme très motivé et très doué qui fait partie d’un peloton de gendarmerie affecté à la protection d’une installation sensible. Je lui ai demandé combien de ses collègues pratiquaient avec lui. Il m’a répondu qu’il était le seul. J’ai demandé qu’est-ce qu’ils faisaient alors pour leur préparation physique : ils étaient quand même bien obligés de faire quelque chose ? Il m’a répondu qu’ils faisaient des footings… 
Entendons-nous bien, le footing est un outil qui a toute sa place dans l’arsenal de la préparation physique. Mais il perd une grande partie de son utilité et peut même devenir contre-productif s’il est utilisé seul, en exclusivité. Or, c’est souvent ce qui se passe dans les unités puisque son « avantage » est d’être simple à mettre en œuvre : un aller-retour sur la départementale ou deux tours de la zone de sauts et c’est bon, on peut cocher une case et passer à autre chose. Et ce n’est pas quelques pompes ou tractions qui vont changer la donne.
Malheureusement, l’approche contraire qui consiste à pousser régulièrement au plus près, voire au-delà de ses limites n’est pas appropriée non plus. En effet, elle suppose des périodes de récupération plus ou moins longues où on est bien en deçà de ses capacités normales. En plus, le risque de se blesser qui augmente exponentiellement quand on se rapproche de sa « ligne rouge » est inadmissible pour un professionnel qui peut être sollicité à n’importe quel moment.
Une solution éventuelle serait de choisir un nombre très limité d’exercices de base et de les travailler de manière cyclique sans jamais aller jusqu’à l’épuisement. Le gros « désavantage » de cette approche pour un « consommateur » du fitness traditionnel est que les exercices de base tels que le Soulevé de terre, le Relevé des jambes sur la barre fixe ou le Double Front Squat avec Kettlebells ne sont pas « sexy ». D’accord, ça peut être un argument pour un civil en manque de sensations fortes mais j’ai franchement du mal à comprendre pourquoi ce genre de raisonnement fonctionne pour les professionnels, censés avant tout être pragmatiques… 
Nous définissons la culture physique comme la préparation physique élevée au rang de l’hygiène de vie. D’accord, se brosser les dents n’a rien de « sexy »… C’est pourtant nécessaire. Je pense que tous les hommes et les femmes d’action devraient considérer leur préparation physique de cette manière et mettre de côté leur envie de s’amuser, de « transpirer », de « souffrir » ou de « se défoncer » quand ils ou elles entrent dans leur gym.
Un des nos instructeurs les plus qualifiés, Al Ciampa, lui-même vétéran des Forces Spéciales qui travaille aujourd’hui pour l’Armée de l’Air américaine en tant qu’expert de la préparation physique, propose un programme basé sur les Swings et les Relevés avec Kettlebells, agrémentés des marches plus ou moins longues avec sac à dos et des déplacements à quatre pattes (le « ramper »). Ce programme a déjà donné des bons résultats lors de la préparation au combat en montagne des unités stationnées en Afghanistan. Son grand avantage est qu’il est facilement ajustable en fonction du contexte : sur le terrain, les marches et le ramper font partie du quotidien. Quant aux Swings et aux Relevés, leur quantité peut être réduite en fonction du niveau de fatigue. 
Surtout, ces exercices demandent très peu de place et le matériel en est réduit à une seule boule de fonte. En revanche, leurs effets vont bien au-delà de la seule condition physique. Certains pratiquants constatent même une amélioration de leurs résultats au tir ! Naturellement, la technique irréprochable joue, là encore, le rôle décisif.
Hélas, pour l’instant toutes ses « innovations » restent réservées aux individus les plus ouverts d’esprit et les plus motivés. La grande majorité se contente du « service minimum » suffisant pour passer les tests physiques (encore faut-il qu’ils soient au programme) tandis que d’autres se laissent séduire par le dernier gadget ou la dernière méthode à la mode… 

9) Aujourd'hui, cinq ans après tes premiers pas dans l'épicentre du kettlebell en France, et une marge de progression exponentielle, où en es-tu?
Je mentirais si je disais que le succès a été fulgurant. Mais je ne me plains pas du tout, au contraire. En fait, je m’y attendais. La plupart des gens continuent à classer la culture physique sous le registre de loisirs. Quand ils vont à la salle ou au club, ils s’attendent à bien ressentir l’absence des contraintes qu’ils peuvent avoir au boulot ou à la maison. D’où cette histoire de « se détendre », « se lâcher », « se défoncer » etc.
A l’opposé de cette tendance, mes stagiaires sont souvent surpris par la rigueur technique que je leur impose. Certains, ceux qui veulent avant tout « se dépenser » ne s’y retrouvent pas. D’autres, ceux qui veulent au contraire augmenter leur « capital » force et santé, se sentent comme chez eux. Ils sont également les premiers à obtenir des résultats, parfois spectaculaires… 
Du coup, notre petite communauté française StrongFirst ne grandit pas forcément très vite. Mais là où elle perd en vitesse de croissance, elle gagne bien en qualité. Notre système attire avant tout des gens sérieux, positifs et généreux avec leurs efforts et avec leur savoir et leur expérience.
L’année dernière, deux de mes stagiaires les plus sérieux et les plus motivés ont décidé de relever le défi et passer la certification d’instructeurs. Serge a réussi et fait désormais partie de nos « troupes ». Lionel a raté de peu son Snatch test (100 Snatches avec le Kettlebell de 24kg en 5 minutes). Après 10 mois de travail, il devrait le passer haut la main dans les semaines à venir, à Copenhague. En plus de Lionel, nous espérons que cette année nos rangs vont s’agrandir encore avec un ou deux nouveaux instructeurs français.
Cette année voit également la première édition du TSC, « Tactical Strength Challenge ». Il s’agît d’une compétition, parrainée par StrongFirst, dont le but est de permettre aux participants de tester les trois aspects complémentaires de leur force. La force absolue est testée avec le Soulevé de terre en trois essais et la force « relative » avec les tractions strictes à la barre fixe (lestées pour la Division Elite). Enfin, pour tester la force endurance on utilise les Snatches avec un Kettlebell (maximum de répétitions en 5 minutes). 
Inventé par Pavel il y a une douzaine d’années, le but du TSC était de relever les lacunes dans la préparation physique de ses élèves des Forces Spéciales tout en les motivant avec cet aspect « compétition ». Aujourd’hui, le TSC a lieu deux fois par an, en Avril et en Octobre, le même jour partout dans le monde. Les candidats de tous les pays se mesurent les uns aux autres selon un système de points et sans catégories de poids : selon le poids on peut être avantagé dans un exercice et désavantagé dans l’autre. Il y a trois divisions pour les hommes et pour les femmes : Novices, Open et Elite.

10) Et quels sont tes projets à venir ?
Notre principal projet consiste à installer à Paris notre « quartier général ». C’est-à-dire, une salle qu’on aurait équipée avec le meilleur matériel (Kettlebells, barres, agrées gymnastiques…) et où tout le monde pourrait venir s’entraîner selon nos méthodes. Pour l’instant, connaissant les prix parisiens, nos recherches n’ont pas donné de résultats mais nous ne désespérons pas.
En tout cas, ce serait un grand pas en avant dans le développement de notre système en France. Un lieu d’échanges, d’expérimentation, d’amélioration, voire de transformation pour certains… Il suffirait qu’un club existant nous prête une salle. En échange, on amènerait un nombre non négligeable de pratiquants, enthousiastes à l’idée de développer leur force.
11) Un stage de certification d'instructeurs en France avec Pavel, ce serait un véritable événement...Est-ce un jour envisageable?
En théorie, oui, bien sûr. Il suffirait qu’il y ait un nombre minimum de candidats français. La difficulté réside avant tout dans le fait que tous les stages de certification, où qu’ils se déroulent dans le monde, sont enseignés en anglais. La barrière de la langue. 

12) Le mot de la fin, Alexey...?
Nous, les instructeurs StrongFirst, avons un Code. Ce n’est pas un livre de préceptes, juste cinq lignes, cinq valeurs sur lesquelles nous sommes censés nous retrouver. Les quatre premières concernent notre attitude : dans notre travail, avec nos élèves et avec nous-mêmes. La cinquième est plus générale. Elle est à la base de tout ce qu’on fait et qu’on entreprend chez StrongFirst. Elle dit : « La force a une plus grande raison d’être ».

Chacun pourra donner son interprétation de ces mots. Pour ma part, je crois que si on est là, dans ce monde, ce n’est pas juste pour dépenser nos allocs en remboursant les crédits et en achetant des conneries dont nous n’avons pas vraiment besoin. L’humanité n’avance que grâce aux « bâtisseurs », les hommes et les femmes qui « matérialisent » leur génie créatif grâce à un travail acharné. Cette « matérialisation » n’est possible que si la personne est forte, aussi bien mentalement que physiquement.

D’autres encore sont les « gardiens » : les militaires, les forces de l’ordre, les pompiers, les sauveteurs… Ceux qui font face aux menaces de destruction, d’origine aussi bien humaine que naturelle. Il est évident qu’eux aussi ont besoin d’être forts. Il ne s’agît pas d’une force superficielle, celle qui permet d’impressionner les ignorants dans une salle de muscu. Mais plutôt de la force qui permet d’encaisser des chocs, de rendre coup pour coup et de maîtriser la violence des hommes et des éléments, encore et encore, sans faillir.

C’est là, pour moi, la « plus grande raison d’être » de la force. Une force profonde, basique, fondamentale, complète, celle justement qu’on s’attache à développer chez StrongFirst. J’aimerais que ce message parvienne à tous ceux et celles qui ne veulent pas vivre en « consommateurs » passifs et dépendants : prenez votre vie en main et développez votre force. Ce n’est que comme ça que vous pourrez contribuer à la marche du monde et faire la différence. 


Merci Alexey pour ton implication, ainsi qu'à toute la communauté Strong First ! Et à bientôt pour de nouvelles aventures ;-)