Sans les abîmes de la peine, comment pourrions-nous connaître les sommets du bonheur ?
En cet automne crépusculaire qui comme chaque année ponctue le rythme des saisons, il peut sembler utile de rassembler ses forces et son énergie pour orienter au mieux sa pratique et combler positivement ses aspirations.
Face aux écueils de l’existence que l’on peut allègrement heurter, et face à ce sentiment d’hibernation provoqué par le changement de saison, le recentrage sur soi facilite au mieux l’acceptation des événements, aussi tragiques et désolants soient-ils. Cette introspection « thérapeutique » essentielle favorise aussi l’adaptation à son environnement .
En ce sens, une pratique bien abordée, construite et positive, vous offre un véritable îlot de sérénité. Savoir profiter de cet intime moment que vous vous accordez avec vous-même n’est pas une science, ni un rituel, simplement un creuset dans lequel vous projetez tout ce qui est négatif et où vous puisez du bon, de la puissance, de l’efficacité directement assimilable au quotidien .
A défaut de pratiquer une discipline originellement issue des champs de bataille et conçue pour adapter l’homme au combat, il semblerait que d’autres applications soient aussi possibles !
Le sens d’une pratique peut évoluer en fonction de trois critères :
- L’histoire et le passé de l’élève (Où, quand et qui ? )
- Les nécessités liées à son environnement, social, culturel, professionnel ou familial (Comment & pourquoi avez-vous débuté les arts martiaux ou la self défense ?)
- L’émancipation de l’élève, ses aspirations nouvelles et les modes de réalisations qui s’offrent à lui par le prisme de la pratique (vaste programme !)
Au-delà de l’aspect purement pragmatique de l’étude des arts de combat, pouvant initialement nourrir une recherche, d’autres perspectives se révèlent au fur et à mesure du temps qui jalonne le temps de cette étude. Il vous appartient de les identifier en fonction de vos considérations propres.
Des élèves s’aventurent sur les terres parfois abruptes de ces disciplines afin de se distraire, de se mesurer aux autres (par peur de se mesurer à eux même ??), de découvrir des secrets de fabrication « martial-hand-made » (les points vitaux, le cri qui tue, l’esprit zen, etc…), ainsi que des courants culturels, ethniques, parfois sociologiques.
D’autres pratiquent encore pour tenter d’échapper à un quotidien morne, peu consistant, par effet de mode (c’est cool de prôner des principes de sécurité personnelle…que l’on est incapable d’appliquer soi-même !) , voir même pour se rassurer.
L’adepte apprend que le combat n’a qu’un but ultime, celui de vaincre pour survivre à un temps donné, confronté à une situation ultime, extrême…
Mais cet élève a également et surtout la possibilité de pratiquer pour progresser, pour augmenter ses capacités de régénération, surmonter les douleurs physiques ou morales ainsi que les maladies de l’âme. L’étape de l’efficacité pure peut développer des « tocs » si l’on décide de trop s’y ancrer. Méfiance donc…d’où l’intérêt de la franchir et la dépasser à un moment donné.
Et c’est à ce titre que la discipline prend tout son sens : plus qu’un simple outil à la solde d’une soif de vaincre et de surmonter ses peurs, c’est un mode d’accomplissement, de réalisation et de progression qui augmente considérablement nos facultés de vivre harmonieusement.
Rien de mystique, ni de spirituel ou de philosophique…quoique…sans de bons guides, comment espérer atteindre de tels résultats ?
Alors telle une lame de fond qui balaie et engloutie tout sur son passage, livrez vous à cet exercice de style et demandez –vous quel est le sens de votre pratique. Prenez votre temps, munissez vous d’une belle plume et laissez votre esprit livrer sur un morceau de papier les buts et les raisons qui vous motivent à pratiquer. Ouvrez vous sans réserve à cette errance manuscrite, abandonnez vous à une introspection, faites le point si vous trouvez que le moment est opportun.
Environ, une fois dans l’année, cela ne fait pas de mal de poser à plat et par écrit ses états d’âmes. Cela permet d’analyser pleinement ses besoins et de réaliser au mieux ses attentes, de contempler avec un peu plus de recul la direction empruntée, surtout si vous avez régulièrement le nez dans le guidon et la tête dans la bulle…Et cette petite méthodologie n’est bien entendu pas uniquement applicable à nos thèmes de prédilections, mais transposable à pratiquement tout besoin d’évolution dans la vie au sens large.
Lâchez du lest, laissez vous entrainer sans résister par le courant de cette lame de fond qui ne manquera pas de vous porter au plus près de vos préoccupations.
Bruce Lee lors d'une célèbre interview relatait une analogie en rapport avec l'eau, cet élément "yin" qui avait raison de tout, usant du principe de non-résistance, du laché prise. Il concluait par ces mots :
"Be water my friend !"
Profitez d’un bon « vague à l’âme ! »